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Le Padre de l'Anse

Paul Tagliamonte, plus qu'un simple charpentier, est la mémoire de l'Anse. 56 ans, qu'il se leve chaque matin pour rejoindre son petit atelier. "Généralement il y travaille jusqu'à 11h30, après ils nous laisse son atelier pour faire l'apéro avec les copains" explique Biche, l'ancien garde portuaire. Sporadiquement, le vieil homme reste un peu plus longtemps, et profite de la convivialité environnante. La solitude comme compagnon de travail. Paul s'en est accommodé, puis il la chasse à tout moment avec un disque de musique classique. Dans ce sanctuaire du silence, ce "genre de musique est magnifié , occupe chaque coin de vide" s'amuse t'il a préciser. Autour de son établi, quelques affiches de concert prennent le temps. Sous la poussière on y lit "grand opéra de Tchaïkovski" ou encore le "oven" de Beethoven. Entre les vernis, les piles d'album s'entassent. En cinq décennies de labeur, Paul Tagliamonte a eu le temps d'en écouter des symphonies, d'en voir des barques d'en archiver des histoires. Récemment,c'est à dire 5 ou 6 ans, il ya eu la fermeture de plus important chantier de l'Anse. De son atelier, le vieux charpentier a la meilleure vue sur ce cimetière qui nomme gâchis. L'atelier, le hangar, les bateaux tout a été saisis par la Justice a cause d'une gestion frauduleuse. "Un drame pour les artisans qui y travaillaient" concède t'il. Depuis le spectre de l'échec plane sur l'Anse. Rien n'a bougé. Les bateaux prennent l'eau et les années. La mairie n'a toujours pas pris de décision quand au sort de cette mini décharge à ciel ouvert. De son aveux, le vieillard aimerait y voir un nouveau chantier, histoire de re-dynamiser la parcelle. Biche, lui, réagit immédiatement aux propos de son collègue "Je sais qu'ils parlaient d'en faire un coin vert, ou les gens puissent se promener. C'est une erreur ici c'est un lieu de travail, de silence, peut Ãªtre le dernier dans Marseille qu'est ce qu'on a besoin de venir nous emmerder ici ? Puis il y a déjà le Pharo au dessus pour profiter des espaces vert." Timidement, Paul acquiesce. De toute façon depuis qu'il travaille dans l'Anse, les changements sont devenus monnaie courante. Un comble pour cet artisan qui empêtrait dans ses traditions, n'a jamais travaillé ailleurs, n'a jamais utilisé autre chose que du bois pour réparer un bateau. 

Boris ALLIN

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